mardi 17 avril 2007

WEAK REVOLUTION


L’autre soir, mon daron me faisait écouter un album du Penguin Cafe Orchestra tout en me racontant comme ce vinyle avait bouleversé sa bande de potes lorsqu’il l’avait ramené d’un voyage à Londres. C’était au milieu des années 70, et à l’époque les gens semblaient construire leur horizon esthétique un peu comme on forme sa biographie amoureuse. C’était une histoire de rencontres, ils se passionnaient pour certaines œuvres, d’autres leur passaient sous le nez, et les séries de sensations sculptaient les esprits au fil des relations, suivant leur fréquence ou leur intensité. Je reconnais une certaine part de fantasme dans cette description mais je ne pense pas être très loin de la réalité. En une trentaine d’années, les mutations ayant affecté la diffusion culturelle et ses possibilités d’accès ont été si importantes qu’elles ne peuvent avoir laissé intacte la manière dont les individus constituent leur sensibilité et leur intellect. Aujourd’hui, pour faire vite, je dirais qu’entre la culture et moi c’est où tu veux quand tu veux pourvu qu’un ordinateur et une connexion Internet jouent les entremetteurs.
Présenté ainsi, ça a l’air fantastique. En réalité, c’est un putain de cauchemar.
Tout d’abord, un cauchemar dans la sphère intime, constamment tiraillée par des flux incompatibles. Je veux dire, mon comportement, ma syntaxe, mes raisonnements, ce que je tiens pour juste, pour beau, pour pertinent, tout cela ce n’est pas de la création ex-nihilo. En moi se mène un jeu d’influences, dont les acteurs sont essentiellement des gens et des productions artistiques, intellectuelles, voire religieuses, qui se modifie selon mes interlocuteurs et mes activités. Or le problème tient à ce qu’en supprimant toute hiérarchie entre les différentes formes de culture la démocratisation de la sphère culturelle à travers le développement d’Internet confère à l’individu une tâche qui jusqu’à présent ne lui revenait pas : l’entière responsabilité de l’agencement de ces multiples objets. Comment on organise ce chaos sans faire du collage indigeste ou sans devenir fou à lier ? Comment avoir une pensée et une sensibilité cohérentes ? Les tentatives de réponse à cette question nous amènent au second versant de ce cauchemar post-moderne : la destruction de l’autre et par là même du désir.
En effet, qu’y a-t-il de plus chiant qu’un adolescent cultivé d’aujourd’hui ? Rien, pas même une blatte. Car l’attitude adoptée par la plupart des gens face à cette prolifération des possibilités d’expériences culturelles est la même que celle adoptée par la plupart de leurs parents à l’apparition des buffets à volonté : prendre un petit peu de tout. Ici, c’est le « un petit peu » qui importe. Tout le monde a son mot à dire sur tout mais c’est toujours le même mot : le plus superficiel. Que cela est éprouvant d’entendre un mec de 16 ans réciter approximativement le résumé Wikipédia d’A Rebours qu’il est allé consulter parce que Pete Doherty a déclaré qu’il adulait Huysmans. Capables de réciter par cœur la discographie de The Fall et aussi à l’aise que mon oncle bourré sur une planche de skate, les kids d’aujourd’hui n’ont certes quasiment plus aucune lacune, mais accordent de moins en moins d’importance au morceau sur lequel ils ont embrassé Marion ou Annabelle pour la première fois. Déclenchant passions molles et autres piétés de pisse-froid, il est évident que faire ses premières expériences esthétiques le cul posé sur une chaise n’est en rien comparable avec la violence des rencontres imprévues. L’apparition de groupes qui acquièrent une notoriété fulgurante sur My Space, signant sur des majors avant même d’avoir effectué leur premier concert est un exemple assez représentatif de ce renversement opéré il y a peu : l’information précède désormais l’expérience, l’information gagne en densité, en faculté d’anticipation, de synthèse, la vie perd en intensité, en faculté de surprise, d’événement. Difficile de rencontrer quelqu’un de surprenant, tellement difficile de rencontrer un autre que l’idée même de rencontre semble reléguée au rang d’abstraction détachée de toute occurrence réelle. Vous me ressemblez tellement que vous m’ennuyez. Je ne désire rien chez vous. Je préférerais qu’on mes les coupe.

dimanche 25 février 2007

THE COMING RAPTURE : KLAXONS ARE RUNNING OUT OF SEROTONIN

L’album des Klaxons est sorti il y a un mois je crois, un plan comme ça. Nous on aime bien. C’est pas super snob d’aimer les Klaxons en ce moment mais l’album est quand même un excellent disque pop, c’est réglo. Genre Two Receivers et Golden Skans sont de très bonnes surprises, la reprise de Grace arrache aussi. Il n’y a pas de grosses fautes à part la 6 là, « Isle of her », qui ressemble à un morceau dégueulasse de Korn époque Follow the Leader. Je les ai interviewés il y a quelques mois dans leur hôtel à Pigalle : j’ai toujours trouvé que leur coté « prophètes cinglés » et tout leur délire « apocalypse fun » était plus intéressant que leur musique. Et cet espèce de patchwork post-post-moderne que la presse a appelé « nu-rave » est nettement plus marrant et inventif qu’un simple revival.

Everybody describes you as funny fluo-human-glowsticks but you do a lot of melancholic references and especially to the end of the world, so can you tell us a bit more about the apocalypse, is it only some kind of a massive hangover ?
- The apocalypse thing was inspired by my grandad who was a spiritual healer, and he prophesised to me on a number of occasions about the end of the world coming in 2012 with a series of massive world disasters. Unfortunately he died a month before September the 11th. If he had seen this massive world disaster the guy would have gone absolutely psycho.
-And yeah, there is definitely a lot of darkness on the entire record.

Do you have any favourite Antidepressants ?
-No, antidepressants are not good, the thing is that you easily get hooked on it. They don’t actually cure you, they just put off and hide the fact that you are actually not cured. My mom was on Prozac for a long time and it was a fucking disaster.
- I mean at the end of the day, no matter how you look at it, if you’re capable of going mentally insane you’re capable of fixing it...
- That depends on whether it is a fucking chemical thing or not
- Once you’re diagnosed and you start being put on medication, you’re locked in.
- I’m a believer that the brain can do it itself, the brain is a great healer but once you start being put on chemicals you’re fucked. It’s the fucking dark side of it.

There’s something really postmodern about the Klaxons, you do refer to Thomas Pynchon, Burroughs and even Waterworld, did any of you go to school or have you just done this kind of lucky-clever-connections because of too much acid ?
- The Atlantis and Interzone thing which I realized worked together well while working in a cool center. I used to sit there for thirteen hours a day, it was a good time of reading. So I personnally read a lot then, and especially some Jameson philosophy and books that we’ve put into the work that we’ve done recently.
- I studied philosophy but I didn’t complete my course because I was like too busy enjoying myself. Jesus it was really heavy, I had to study subtexts, pick it apart sentence by sentence.

I don’t really understood why all the media defined you as “nu-rave” but anyway, the point is that you were to young to go to a real one back then...
- It’s like getting the ticket that you never had. I saw it in the distance, when I was a kid there used to be this Fantasia that was a big festival organization at the time, putting on big parties in my hometown and I could see it but I couldn’t go to it cause I was twelve. Initially it was the ticket to get where you couldn’t go when you were younger.

So it’s more about reinventing and reinterpreting something you haven’t lived, like the raves, not being some kind of nostalgic but making your own interzone real ?
- Yeah I think it’s actually inventing what you could never experience and representing it, inventing your own reality. And it’s also funny because Atlantis as well is a place which there’s been a lot of books written about. Psychologists have talked about Atlantis as a mental space since people that are mentally ill and going through reahab usually have visions and things about Atlantis. That would actually be a place inside your head, a mental non-space.
I think we’ve invented our own non-space, we’ve created something which is pretty separate from anything else that goes on, a bubble, a place to hide.

ITW & PHOTOS : Maciek

mardi 20 février 2007

Grizzly man

On cause télé, bouffe, examens, loyers, la bave pendue aux lèvres, les lèvres blanches comme des larves, les ongles noirs, la merde au cul, la tête remplie de fantasmes au rabais. Comme ça, concentrée dans le métro du matin -mauvaises haleines, odeur de tripes, déodorants cheap en surdose- une société de morve en voyage. Et aussi loin que l’on puisse projeter son regard, aussi loin que l’on puisse envisager son avenir, le même horizon de couille molle, le même telos puant et informe.


Et alors je me dis que je comprends ce type que l’on voit dans Grizzly Man, le film documentaire de Herzog. Et je jalouse le courage et la folie de ce type, un peu simplet, ex-alcoolique, ex-petite frappe, serveur dans un fast food médiéval en Californie qui décide d’aller vivre avec les grizzlys au nord de l’Alaska pour les protéger du braconnage. Ce personnage n’a d’abord rien de troublant, du genre bout entrain WASP mal dégrossi comme 90% des mâles occidentaux de moins de quarante ans. En société, il ne serait qu’un minable de plus que l’on plaint de mener une existence aussi merdique. Mais très vite, lâché au beau milieu d’une nature grandiose et hostile, l’imbécile est transfiguré, et au fur et à mesure que les films de ses expéditions s’enchaînent il se métamorphose en un être incroyablement fort, fascinant et dangereux.
D’abord on voit un mec un peu cinglé qui gesticule dans une immense vallée, à la poursuite de braconniers inexistants, une sorte de Don Quichotte écolo dépourvu de toute démarche scientifique qui se contrefout des consignes de sécurité : il caresse les ours, frappe leurs museaux, lit dans les yeux de ces bêtes sauvages empathie et compassion. I love you, thank you for being my friend dit-il mielleusement à un ours de trois cent kilos. Rien à foutre également de la vulgate rationaliste laborieusement élaborée au cours des siècles qui le précèdent et intégré par la majorité des consciences. Lorsque l’absence de pluie menace l’écosystème de la vallée, il s’insurge contre les cieux Jesus, Allah, we need some fuckin’rain !!!!!!!, et la pluie se met à tomber, it’s a miracle commente t-il avec le même sourire guimauve. Pour l’instant, c’est divertissant. Plutôt cool. Mais ça pète pas beaucoup plus haut qu’une interview de Jean Claude Van Damme, les beaux paysages en plus. Ensuite, sans qu’on ne le sente vraiment venir, ça devient renversant.
Comme le film progresse, Herzog nous montre d’autres images autrement plus puissantes, des images de colère inouïe, de rage primitive, de sang et de flammes, d’autant plus glaçantes que nous avions été amadoués par le cabotinage de la première partie du film. Et petit à petit, l’écolo naïf se révèle rongé par une misanthropie éperdue, sans bornes. Il crache sa haine pour l’être humain devant sa caméra numérique, dévisse au milieu d’un cirque montagneux, au milieu des ours, des renards et des cervidés, des roches polies, des forêts impénétrables, et sa haine gonfle comme amplifiée par l’absence totale de ce qu’il abhorre. Nous comprenons alors que de cette haine que lui inspire la civilisation il tirera une extraordinaire et monstrueuse passion : devenir un ours. Alors, le film lui-même devient malade, ravagé par la folie de cet impossible retour à l’état de nature, fissuré par la douleur de cet homme décidé à renverser l’ordre du monde. Puis la solution apparaît, dans sa trivialité tragique : l’idiot du village est dévoré par la bête.
Point limite. Tu peux pas test. Tu peux toujours cracher sur ta bite comme le chanteur de Daughters, ou chier dans un squat anar en hurlant « encule moi papa ! » à la Jean Louis Costes, tu continueras à prendre ce foutu métro, à chercher de la thune pour payer ton loyer, à flipper parce que ça fait plus d’un an que plus une seule fille ne te regarde, à être gêné quand tu cognes un clodo alors qu’il s’accroche à ta veste en hurlant « je cherche un homme !!! »… Tristement commun. Alors tu peux toujours regarder en boucle Grizzly Man de Herzog et laisser sa beauté sauvage investir ton inconscient d’esclave. C’est le dernier vertige qui te soit offert pisse-menu.

Texte : Julien

mardi 13 février 2007

BOBMO RELEVE LE NIVEAU



Hugues quand t’es chez lui à boire des coups, il est super content de faire écouter aux gens tout les morceaux qu’il aime : T’ouvres une bière, il rigole, puis tout de suite après t’as un morceau de Ghetto House qui te siphonne les oreilles et sa voisine qui tape avec son balai parce qu’elle aime pas trop les sirènes dans les tracks de Robert Armani. En revanche quand tu lui demandes de faire une playlist de 7 morceaux pour en faire profiter plus de trois personnes, ça prend quasi quatre semaines et un paquet de « wizz ». Ca fait un mois qu’on lui en parle, on a enfin eu ce qu’on voulait.

  1. Fast eddie – Git on up (D.J International 990 – 1989)
  2. DJ D-Man – d man’s world (Dance Mania 090 – 1995)
  3. Jammin Gerald – party hyp (Dance Mania 107 – 1995)

BONUS

Lorsque nos amis de Fluokids demandent une exclu à Bobmo pour leur blog, lui il se dégonfle pas et leur envoie un gros track de banging house hyper pinpin choppé sur le net qu’il rebaptise Bobmo–The_Big_Pinpin.mp3. Un morceau avec des sifflets qui font « fuit fuuuit fuuuit » comme les types qui dansent torse nus, les biceps bandés aux ecsta, sur les podiums du SO36 le lundi soir : Also know as « Naked Turkish Night » dans les pages du Zitty à Berlin. Le Track en question, c’est le bonus de sa playlist, et le reste, c’est juste un level de déconne tellement élevé qu’il aura bien mérité la médaille d’or dans notre catégorie Hoax of the month sur Bleak age.

Marc V & Poogie Bear – Ant in da Pants (Underground Construction 253 – 1997)

Texte et photo : Sergeï Ardilouze

dimanche 28 janvier 2007

Cartographie des modalités de rencontre avec le Leviathan



« LES LARMES DU CHRIST !!!!!!! » me gueule ce type dans les oreilles. Vas te faire foutre. Le Christ n’a jamais pleuré. C’est juste du sang. Et puis c’est trop loin, à des milliers d’années. J’en sais rien en fait. De toute façon ce qui me préoccupe pour l’instant c’est cet immense jeu de dépassement qui a commencé dans le hall d’entrée de la baraque du capitaine Achab et qui se répand maintenant dans toute la cage d’escalier sous forme de motifs africanisant, de gloires sportives déchues et de notes cristallines à la Brian Eno. Plus je descends en profondeur et plus mon être semble s’étioler, et peut-être que c’est ça le fond ontologique de toute chose, l’être sauvage : de la transpiration. Ca fait combien ? Six ou sept heures que Splinter a débarqué avec des timbres planqués dans ses chaussettes. Là, on a trouvé notre rythme et nos repères, ça devient de plus en plus beau.
Et sur l’autre versant de la narco-anthropologie, le sournois « cocaïne », les pathétiques cokeheads. Sherlock Holmes, Freud et tous les petits malins, logorrhéiques de la bonne réponse à tout. Et encore en dessous, la fange, les crevures cyniques, sûres de leur droit, sûres de leur identité à eux-mêmes et de l’identité entre eux et le monde, paranoïaques et belliqueux, les donneurs de leçon autoproclamés, les comiques autoproclamés, les top models autoproclamés, étriqués dans des subjectivités opaques qui tournent à vide. Personnages obscènes et tactiles qui nous ont gâché tant de soirées. Arrache toi rataï !

Texte : Julien

samedi 27 janvier 2007



Nous sommes peut-être lundi, je tripote l’interrupteur, rallume la lumière - Ils sont morts - je prends une photo, remets l’appareil dans ma poche, pose le reste à la réception. Ensuite on est dans cette cabane de chantier. Murs capitonnés, une fenêtre donne sur un petit buisson. Rates américaines planquées - chuchotements - dans l’allée. L’écran neigeux - rafraîchit nos yeux - fume une clope couillon. A l’extérieur, le gitan-pédé a entaillé le passage. Porte lacérée et Fontana bourré. « J’ai un couteau tu sais ». Les rates attaquent, nous on détale - les murs dégringolent - on verra après. Après, Oboy il a les mains froides, il passe la cinquième – Odeur de sève et air marin - le compteur plafonne, les sirènes s’éloignent et le calme radine. « Les crainquebilles ont décampé ». Ana passe sa main sur ma nuque « You’ll be okay ». La route est libre. L’horizon s’échappe à la même vitesse que nous. Je jette une bouteille à la mer. Marc a un gros visage mou - les traits grossiers - je lui écrase mon poing sur le nez.

Texte & Photo : Maciek

jeudi 25 janvier 2007

Heil Hippie !

Günter Grass et le Dr Mengele jouent du djembé

« Hooray for the P.C. gestapo
Another proxy fascist da capo

Woodstock - throw back
Third reich - come back

Heil hippie
Heil hippie
Aaaaaahhhhh »

Henry Fiat Open Sore/ «
Heil
Hippie »
EP

À la guerre comme à la guerre. Espadrilles et gas C.S. Che Guevara, Palestine et capuera : nouvelle trinité crypto Larzac, aussi sexy qu’un bonnet péruvien sur le crâne d’un bachelier hydrocéphale. Citoyen du monde man ! Son djembé sous un bras, son marqueur à la main, elle exulte. Le visage de Sharon siglé d’une croix gammée. Accent médoquin et visage poupin, la Palestine est enfin libérée. Sa boulette de shit de troisième zone dans la poche, elle s’époumone : SHARON, SS ! Ceux qui ne sont pas avec elle sont contre elle : salauds, ordures racistes, ramassis de fachos. Elle le sait bien elle, depuis sa troisième année en Deug . Y’a les dominants et les dominés et çà, c’est vraiment trop dégueulasse ! Les couloirs de la fac de psycho-socio transformés en territoires occupés. Shake Hippie, shake.
Nourrie au ska festif et lobotomisée par Manu Chao,une fratrie de petits blancs dreadlockés amateurs de djembé et consommateurs de Banania équitable se proclament, du haut de leur tongs,de gauche, anti-sexistes et en lutte pour un monde plus cool. Sauf que non contents de polluer depuis trop longtemps l’espace public jusqu’à saturation et en même temps qu’ils assèchent de manière rédhibitoire tout imaginaire politique progressiste, ces ramassis de babas à la praxis pseudo émancipatoire n’est rien d’autres qu’un tas de fachos étriqués. Panzer Division version Camif, Saga Africa Korps sauce Télérama. Rastafareich man ! Sharon= nazi. Occident=salaud ! Zola m’a tuer… Heil hippie !

Fiers de leur freaks attitude envisagée comme une droit inaliénable, ces gardes chiourmes à la roots ne supportent qu’une seule liberté d’expression : la leur. Ces babas concernés, à l’imaginaire politique nécrosé, sont plus proches qu’ils ne le pensent des gorets qu’ils prétendent affronter. Si leurs parents gobaient des acides en lisant Marx et Piaget entre deux partouzes pendant que les chars envahissaient Varsovie, les hippies d’aujourd’hui sont plutôt cons et citoyens. Le réductionnisme ontologique procédant de leur militantisme d’occasion les oblige à se gaver de contrevérités érigées en dogme absolu. Sharon=SS. Saloperie de monde occidental.
Heil Günter Grass ! Tu nous as ouvert la voie ! Exemple topique de contre démocratie, le hippie surveille, le hippie dénonce, le hippie juge et le hippie condamne. Totalitaires bouseux, la manière qui est la leur de stigmatiser leurs adversaires (c’est-à-dire ceux ne pensent pas exactement comme eux), de démasquer les « salauds », les « ordures patriarcales » et autres « rachos » pas cool, procède directement d’un ensemble de pratiques de surveillance, d’empêchement et de jugement à travers lesquelles ces caudillos citoyens concernés exercent leurs pouvoirs de pression et de correction, le tout enchâssé dans un totalitarisme douceureux et équitable. En somme une nouvelle manifestation d’un populisme sympa saturant l’espace public de sa bonne conscience fascisante. Narcisse ou la stratégie du vide. Surengagement et dépendance. Couplée à une fascination quasi sexuelle face à des conflits se passant loin de chez eux et nimbée de compassion humanitaire incestueuse, chacune de leur prise de position entraîne une satisfaction relative mais aussi une déception /frustration les poussant vers la lutte suivante. Hé mec, t’as pas deux feuilles ?
Leurs parents ne les ont peut-être pas assez aimé mais cela n’excuse en rien leur cuistrerie. Les hippies d’aujourd’hui sont plutôt cons, avons-nous déjà mentionné. Et leur nullité est dangereuse. Formatés au paradigme citoyen, leurs pauvres esprits sont fauchés par leur lecture foireuse et mongoloïde des écrits militants de Bourdieu de Foucault ou encore Chomsky (le pauvre…). Ce qui nous donne les axiomes suivant : l’attaque du 11 sept a été une tentative courageuse de libérer l’Amérique du XXème siécle ou encore Castro est le dernier rempart contre l’oppression capitalo-machiste d’un Occident haineux et patriarcal. Analyse de comptoir et sens commun franco-français. Essentialiste, férocement binaire et irrémédiablement ethnocentrée, leur vision du monde ne serait niée ni par Huntington, ni par Gobineau. De toute manière, les hippies confondent les Veilles Charues et les ghettos de Lagos et n’iront jamais bien plus loin que le Burkina Fasso, s’extasiant sur la capacité des keublas à creuser des trous et à se trémousser. Tu vois, ces gens là ils ont le rythme dans la peau et disent merde à la société de consommation man ! En brandissant la bouillie indigeste de leurs corpus politique lamentablement sublimé, recyclant les idées classiques de Keynes, et reformulant inconsciemment les nouvelles utopies de l’ultra droite us, entre anti-racisme de confort et velléité d’autogestion cacochyme, les hippies ont durablement flingué à tout jamais l’héritage et l’avenir des progressives politics.
Heil hippie !




Texte : Pierre . Illustration & photo : Maciek



lundi 15 janvier 2007

Sans titre




By Simon Weakends

mardi 12 décembre 2006

MANIFESTE

Je ne sais plus comment tout cela a commencé. Ca ne servirait à rien de rechercher un ordre premier des événements. Comme il m’est impossible de saisir les nuances entre ce que j’ai agi et ce que j’ai pensé, entre ce que j’ai interprété et ce que je n’ai fait que constater, entre les anticipations et les dérives. Comme chacun des événements semble contenir le spectre d’un originel et comme la multiplication de ces spectres semble constituer une vaste zone d’ombre : moi-même. Ce récit doit être appréhendé comme le substrat polymorphe de ma période monstrueuse. Lorsque mes ongles se mirent à pousser plus vite et que mes nuits taillèrent dans mes jours.
Nous étions dans ce champ gigantesque. Non. Il s’agissait plutôt des profondeurs d’une lande. Quelque chose comme une clairière vertigineuse -des herbes hautes et des arbustes amochés à perte de vue- dont émane un ciel gris tournoyant. Juste ces deux aplats. Le ciel gris et les inquiétantes ondulations des broussailles. Du vert et du gris se contaminant sur la ligne d’horizon. Nous étions loin de tout et pourtant nous ne ressemblions ni à des nomades, ni à des aventuriers, pas même à des randonneurs. Les deux biches jaillirent dans notre dos pour rapidement nous dépasser, transperçant un bosquet et fendant la végétation vers le lointain.


Je n’eus pas le temps de voir venir cet immense cerf. Je plongeai au sol lorsqu’il chargea puis je sentis le poids de la bête sur mon corps recroquevillé, ses bois effleurant mes os, son souffle sur ma nuque, puis sa langue. Est-ce qu’un cerf mord ? Est-ce que ça mord putain ?

Après, on change d’endroit. Nous sommes dans le dortoir à Berlin-Est, dans le quartier de Prenzlauerberg. Un touriste a vomi du sang en pleine après-midi, devant les terrasses des cafés. Il fait tellement chaud que l’alcool agit comme un psychotrope. Je tripote la balle de 12mm que m’a offert Pierre à l’abri de la table basse du hall de réception laissant aller mon index sur la pointe puis descendant lentement vers le cul de la douille. On peut entendre les loups et les hiboux aux alentours de la TV Tower, maquillée en ballon de football à l’occasion de la coupe du monde.
C’est bientôt l’heure du « Night Tour » pour les backpackers de l’hôtel, un tas de pourceaux dégénérés débarqués des quatre coins du monde pour raconter les mêmes saloperies à qui leur tombe sous la main, ils causent vies sordides avec des sourires de tueurs en série seventies ponctués de it’s so amazing ! de so sweet ! et de you should take a picture of us ! des connards en série avec l’armadas de connasses qui suit, tous fascinés par le possible d’une baise bien envoyée dans les douches communes au levé du soleil, le foutre qui émane de leurs cerveaux fait transpirer leur cuir chevelu, ils vomissent, s’effondrent car ils n’ont aucune pratique de l’alcool et des drogues, et lorsqu’ils perdent connaissance sur le rebord d’un trottoir leurs rêves demeurent des rêves d’idiots, des distorsions mineures dans des imaginations étriquées, au mieux des rêves d’inceste.

Cela doit faire à peu près trois semaines que le monde m’a lâché. Il ne reste plus que l’expansion sans fin du ciel, un ciel sans vent, sans astres. Sur la mer il n’y a ni bateau, ni monstre marin, et sur le sable pas même une bouteille en verre. J’erre à travers des instants équidistants, sans pics d’intensité, sans privilèges, sans poses, dans un brouhaha industrieux qui maintient le silence et interdit tout aveu.

Words : Julien. Photos : Maciek

The Art Of Enjoying




Petit Sénégalais dit :
bon j'y vais

Petit Sénégalais dit :
appelle moi, à la limite on pourrait se retrouver à 18h30 à total heaven et après on file boire des pintes au dick turpin's

Petit Sénégalais dit :

comme ca on aura l'impression de sortir du taf

Living In The Ice Age dit
:
Ouais c'est cool ça.

Living In The Ice Age dit :
A toute

Petit Sénégalais dit :
à toute